Sciences Histoire du verre Né du sable et du feu, le verre est un des matériaux les plus anciens utilisés par l'homme. L'histoire de cette découverte, dont l'Encyclopédie Diderot notait qu'elle était la plus merveilleuse et la plus utile depuis celle des métaux, nous fait voyager de Babylone à l'Égypte antique, de Venise à la France de Colbert, pour se poursuivre aujourd'hui dans notre quotidien... Le verre est un silicate fondu: On peut distinguer deux types de "silicate fondu " - le verre "humain" est un silicate fondu fabriqué par l'homme
- la lave volcanique ou magma est un silicate fondu "naturel" fabriqué dans les profondeurs de la terre ou sur d'autres planètes. Un verre volcanique est un matériau amorphe issu du refroidissement rapide d’un magma. (ex: l'obsidienne, ci-contre)
|  | Premières utilisations de verre naturel : 100 000 ans av. J.-C. L’homme l’utilisa pour la première fois il y a 100 000 ans sous forme d’obsidienne (verre naturel d’origine volcanique opaque et dur, produit par le refroidissement de laves très riches en silice). Nos ancêtres chassaient avec des flèches dont les pointes étaient parfois taillées dans ces obsidiennes naturelles. Les tectites, billes de verre formées par des impacts avec des météorites, servaient également de bijoux ; enfin, les fulgurites, petits tubes issus de la fusion du sable atteint par un éclair. Les gisements naturels d'obsidienne étant en nombre limités, ce verre faisait alors l'objet de négoce. Ci-contre: Les fulgurites sont des morceaux de verre naturel amorphe produits lorsqu'un éclair tombe sur de la roche. Le verre naturel formé sous terre est tellement impur qu'il n'est pas transparent. Il fallu attendre plusieurs millénaires pour savoir comment reproduire ce phénomène naturel . |  | C'est probablement en Mésopotamie vers moins 4 500 ans, que fut découverte la manière d'élaborer le verre. Ce fut vraisemblablement le fruit du hasard, lors de la fusion de sables calciques avec de la soude pour la cuisson des poteries ou, comme le raconte Pline dans Naturalis Historica (an 77 de notre ère), par des marins phéniciens qui, un jour voulurent établir un camp près de Belus en Asie Mineure, et ne pouvant trouver de pierres pour établir leur foyer, utilisèrent des blocs de soude (natron) qu'ils transportaient dans leur navire. Avec la chaleur du feu, le sable et la soude se transformèrent sous la chaleur intense, un liquide visqueux inconnu était apparu. Ils l'appelèrent aussitôt verre. (Mais ceci n’est qu’une légende car l'élaboration du verre nécessite une température d'environ 1 300 °C.) Plus tard, les Égyptiens, forts de cette découverte, se mirent à faire fondre le sable et le natron dans des fours appropriés afin de produire eux-mêmes du verre. |  | Premières fabrications : 4500 à 3 000 ans avant J.C. Les premiers verres fabriqués par l’Homme sont originaires de Mésopotamie, de Syrie ou d’Égypte. Ils ne sont pas encore transparents ou translucides mais opaques, de couleur verte ou bleue. Premiers épanouissements : 1 500 ans avant J.C. Les fours permettent d’obtenir de plus hautes températures, la matière est mieux affinée. Le verre devient translucide et se développe alors un marché d’imitation de pierres précieuses. Les premières pièces en verre creux (amphorisques, arybales) apparaissent au même moment. Ils sont façonnés avec la technique dite de "l'enduction sur noyau", encore appelée "alabastron" ("sandcore" en anglais). L’émail apparaît vers 1500 avant J.C. C’est une substance vitreuse qui est constituée d'un produit incolore, le fondant, que l'on teint dans la masse en ajoutant certains oxydes métalliques. Sur les tablettes d'argile de la bibliothèque du roi assyrien Assurbanipal (700 ans avant J.-C.) figure la plus ancienne recette de fabrication du verre qui nous ait été transmise : « Prends 60 parties de sable, 180 parties de cendre d'algues, 5 parties de craie, et tu obtiendras du verre ». | Au Ier siècle après J.C. Cette découverte entraîne la naissance d’une forte industrie de verre creux. Grâce au soufflage à la canne, l’artisan est à bonne distance de la source de chaleur et il peut donner forme à des pièces de plusieurs dizaines de centimètres. Le verre incolore apparut alors et se répandit à partir du IIIe siècle, il est obtenu en ajoutant du manganèse, qui joue le rôle de purificateur. La teinte naturelle du verre, bleu verdâtre, est due à la présence d'oxydes métalliques contenus dans le sable qui sert à sa fabrication. Premières traces du verre coulé plat (5 à 6 mm). Ce verre de transparence relative fut utilisé pour vitrer les fenêtres (Pompéi). Auparavant, on utilisait de minces plaques de mica ou d’albâtre. La technique du soufflage qui, d'après les archéologues, émergea en Phénicie un peu avant le début de notre ère révolutionna complètement la fabrication du verre et ouvrit d'immenses possibilités aux artistes et industriels. | Apparition du verre plat soufflé : La technique consistant à recueillir la matière vitreuse en fusion au bout d'un tube métallique(cf), souffler dedans pour donner la forme creuse souhaitée et à rouler l'objet sur la table de travail pour le rendre symétrique, se généralise ensuite et se répand dans toute l'Europe mais elle évolue peu au fil du temps. Au XVe siècle, Murano devient un grand centre verrier qui produit le célèbre cristal de Venise (cf) . La technique de fabrication du cristal se répand progressivement dans toute l'Europe. Ce sont les Anglais qui introduisirent des oxydes de plomb dans la composition de base, rendant ce cristal plus solide et détrônant ainsi son fragile cousin vénitien. Deux techniques sont apparues conjointement : | - Le soufflage en couronne(cf), ou soufflage en plateau, c'est un procédé de fabrication de verre plat.
A été aussi appelée « technique normande » et connaît son apogée entre 1700 et la moitié du XVIIIe siècle. Le verre était soufflé pour former un globe creux puis aplati et coupé. Il était mis à plat par réchauffage puis transformé en un disque plat par la force centrifuge, jusqu'à presque deux mètres de diamètre. Le verre était alors coupé à la dimension requise car le verre le plus fin est au bord du disque tandis qu'il est plus épais et trouble au centre. Contraint par la distribution du meilleur verre, pour les grandes fenêtres, il fallait couper de nombreux morceaux en forme de losange au bord du disque puis les monter sur un treillis de plomb. Le verre soufflé en couronne fut l'un des deux procédés les plus utilisés jusqu'au XIXe siècle. L'autre procédé était celui de la plaque soufflée. Le procédé fut d'abord amélioré par les verriers français dans les années 1320 en particulier autour de Rouen. Il fut gardé secret et ne fut pas utilisé à Londres avant 1678. |  | - Le soufflage en Manchon(cf) est une technique de soufflage du verre qui permet la fabrication du verre plat.
Cette technique a été aussi appelée à la bohémienne ou technique lorraine. Le verre était soufflé pour former une bouteille creuse appelée manchon puis, ses extrémités découpées. Produit dans l’Est de la France et en Europe centrale. Ce cylindre de verre obtenu par l’allongement de la paraison(cf) cueillie par le verrier et coupé dans le sens de la longueur , puis fendu, ramolli et aplati etait déployé pour obtenir une feuille de verre. Ces procédés furent utilisés durant tout le Moyen Âge pour la fabrication des vitraux. |  | | |
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